Les arts graphiques devraient-ils se satisfaire d’être décoratifs, ou se contenter de leur fonction organisatrice ? De la rigueur à la superficialité, une oscillation permanente et jubilatoire pour mieux comprendre le graphisme.
Deux idées du graphisme, éloignées comme des pôles. La première évoque l’embellissement, couvre un territoire qui s’étend de l’ornemental au (néo)rococo, en passant par la création virtuose, gratuite, non sans humour parfois. La seconde, sérieuse, droite, veut organiser en créant des règles, structurer en s’appuyant sur un vocabulaire simple, minimal, pour ne rien ajouter qui ne soit nécessaire.
Entre les deux, le graphiste serait-il condamné à choisir son camp ? Décorateur ou bien ingénieur, on pourrait lui reprocher dans un cas sa superficialité, sa vanité, et dans l’autre sa froideur, son autoritarisme. Art appliqué, design, ou art décoratif : le choix même des mots semble l’obliger à prendre parti. C’est peut-être la raison pour laquelle celui qui crée des signes, compose des pages et des écrans, peut avoir du mal à dire simplement le nom de son métier.
La singularité de ce métier serait de se nourrir tout autant de l’art que des techniques, du plaisir esthétique que de la conscience de son rôle et de son utilité. La difficulté devenant alors d’orchestrer ces tendances contradictoires, ces désirs concurrents. De trouver son équilibre tout en assumant la pluridisciplinarité.
Dans un balancement réjouissant et éclairant, les Rencontres internationales de Lure invitent de grands acteurs et observateurs du monde graphique à témoigner en mots et en images de leur expérience : typographie et création de caractères, design, mode, photographie, signalétique, packaging, infographie, histoire, illustration, ne sont jamais aussi utiles que quand on les écoute !
un robot qui porte un crayon à papier ©Nicolas Taffin, 2009